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Le sénior et sa voiture

Le sujet de l'utilisation de la voiture est intimement lié à l'autonomie.

Pour beaucoup, arrêter de conduire, c'est devenir vieux et dépendant.

Or, il y a de multiples raisons qui vont aboutir à ce choix, plus ou moins délibéré...

Avec le modèle de la Rouvilla, nous souhaitons adoucir ce stade en partageant des voyages covoiturés ou des taxi-conduites...


En attendant, je vous laisse découvrir quelques chiffres sur l'accidentilogie et le vieillissement et des témoignages sur le sujet. Bonne lecture.



Quelques chiffres sur l'accidentologie :


Les personnes âgées, pas plus responsables mais plus touchés


Comme le relèvent justement Thomas Hébert et Yves-Marie Dormoy, les classes d'âge les plus élevées ne sont statistiquement pas les plus accidentogènes. "Depuis environ cinq ans, la moitié des suspensions de permis qui passent en commission dans la Manche concernent des jeunes qui avaient consommé de la drogue. Ils sont de plus en plus nombreux", note le médecin. Selon le dernier bilan statistique de l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (Onisr), les personnes âgées étaient justement parmi les moins dangereuses en 2019. Alors que les 35-49 ans et les 25-34 ans étaient respectivement responsables des accidents mortels de la route à 21,2 % et 21,1 %, les 50-64 ans apparaissaient dans 19,3 % de ces situations. Presque autant que les 18-24 ans (19,2 %), mais bien moins que les 75 ans et + (9,5 %) et les 65-74 ans (8 %). Viennent ensuite les 15-17 ans (1,4 %) et les 0-14 ans (0,3 %). Toujours en 2019, l'Onisr note toutefois que 849 personnes âgées de plus de 65 ans ont été tuées sur les routes. Soit 26 % des personnes tuées, alors qu'ils constituent 20 % de la population générale et 11 % de l'ensemble des victimes d'accidents. De quoi faire dire que "les seniors sont particulièrement touchés par les accidents de la route, notamment les 75 ans et plus avec un risque et une gravité importante". Sur 10 ans, le nombre de seniors tués a même augmenté de 1,2 % en moyenne chaque année. Une gravité élevée marque les accidents impliquant des seniors. Alors qu'on dénombre 4 tués pour 100 blessées pour les moins de 65 ans, ce chiffre double chez les 65-74 ans et quadruple chez les plus de 75 ans. Selon l'Onisr, il existe un sur-risque pour les personnes âgées de plus de 75 ans. Chiffres à l'appui : 86 personnes par million d'habitants de cette classe d'âge sont tués par an en moyenne, contre 46 pour les moins de 65 ans. Ce sont les piétons qui paient le plus lourd tribut, puisque 30 % des seniors accidentés décèdent contre 10 % quand ils ont moins de 65 ans. Il y a 54 % de seniors accidentés qui meurent en roulant avec un véhicule de tourisme (46 % chez les moins de 65 ans) et 9 % de cyclistes (contre 5 %). Notons, enfin, que la tendance s'est améliorée l'an passé. Les personnes âgées de 75 ans et plus ont ainsi particulièrement bénéficié de la baisse de la mortalité routière (due essentiellement au contexte sanitaire) : 352 personnes tuées, soit 34 % de moins qu'en 2019. La moyenne était alors redescendue à 56 tués par million pour les séniors de 75 ans ou plus.



TÉMOIGNAGE.

A 76 ans, Jean-Luc arrête de conduire pour protéger les autres

Vivant à Cherbourg, Jean-Luc Fonty a choisi d'arrêter de conduire à 76 ans après un accident lié à des problèmes de vue. Une décision difficile, le rendant dépendant.


En avril 2021, Jean-Luc Fonty renverse une personne qui traversait un passage piéton à Cherbourg (Manche). Alors au volant de sa voiture, il ne l’avait pas vue. La faute à une perte de vision subite.

« Avant cela, mon ophtalmologiste ne m’avait pas interdit de conduire. C’est l’événement qui m’a rappelé à l’ordre. J’ai été confronté à la réalité, je ne pensais pas que cela m’arriverait », raconte ce Cherbourgeois âgé de 76 ans. Il se résout alors, en juin, à lâcher sa voiture. Une décision très difficile.

C'est dur de se convaincre d'arrêter de conduire du jour au lendemain, d'autant plus quand c'est toi qui prend conscience qu'il est temps de stopper. Ma voiture était synonyme d'indépendance et de liberté. Jean-Luc

Tout s’arrête d’un coup

Ce véhicule était pourtant bien utile pour cet homme qui était correspondant de presse. Du jour au lendemain, terminées les rencontres au cours des reportages. Tout s’arrête.

C'est comme une punition que je m'inflige, nécessaire pour protéger les autres. Il fallait que la raison l'emporte, bien aidé dans cela par mes amis, mon épouse et mes enfants. Jean-Luc

La tentation, parfois, est trop forte. A tel point que Jean-Luc décide de donner sa voiture à l’un de ses enfants. « Ce fut un déchirement. J’avais le sentiment de perdre tous mes repères. Ce fut un chamboulement total. »


La peur de la dépendance

Le plus dur, sans doute, est de se rendre compte qu’il « bascule dans le troisième âge ». « Voilà que je devenais dépendant des autre », confie-t-il. Une dépendance tant redoutée par les personnes âgées qui, comme Jean-Luc, se retrouvent face à ce dilemme qui « tourne en boucle dans leur tête ».

« Quand vous avez renversé quelqu’un, vous avez peur ensuite de prendre le volant. Croyez-moi, ce n’est pas une décision facile à prendre, je comprends que certains hésitent », ajoute le septuagénaire, pour qui il faut « une bonne dose de courage ! »

C'est à chacun d'évaluer ses capacités, mais parfois on se surestime. Arrêter de conduire devient une souffrance, même en ville, alors qu'en est-il en campagne pour les personnes isolées ? Jean-Luc Fonty

Un sujet sensible

Ce problème est soulevé également par les cherbourgeois Thomas Hébert et Yves-Marie Dormoy, respectivement gérant de l’auto-école Initiative Permis et médecin agréé pour la visite médicale pour le permis de conduire. « C’est un sujet sensible, car la dépendance au permis est importante. Sa perte est aussi une perte totale de l’autonomie », explique le premier nommé.

En campagne, surtout, le permis est indispensable. Sans véhicule, ça devient vite compliqué. Le retirer condamne la personne à changer ses habitudes. Il est obligé d'être aidé pour tout. Yves-Marie Dormoy Médecin

Ce dernier suspend, en moyenne, une dizaine de permis chaque année à des personnes âgées : « Ce sont souvent les familles qui s’inquiètent ou les personnes elles-mêmes qui demandent à nous voir. Les gendarmes qui aperçoivent des conducteurs ayant des difficultés à se garer peuvent aussi nous alerter. »

Depuis peu, les personnes victimes d’un AVC sont également contraintes de rencontrer un médecin avant de reprendre la conduite.


Des problèmes de vue

Dans tous les cas, la Préfecture est chargée d’organiser la visite médicale chez le médecin agréé.

Je peux empêcher quelqu'un de conduire sa voiture. Si il y a des séquelles dans le cas d'un AVC, par exemple. Je peux aussi demander d'aménager la voiture. Même sans séquelles, il y a un suivi pendant un an. Si la vue n'est pas bonne, il faut minimum 0,5 à un œil, je peux suspendre le permis en attendant que la personne passe une visite chez l'ophtalmologiste. Yves-Marie Dormoy

A savoir que 0,5 à un œil permet toujours visualiser les couleurs et les indications sur les panneaux. La vue, justement, représente le problème de santé le plus récurrent chez les conducteurs qui prennent de l’âge. « A cause de cela, il y a une baisse tension au niveau de l’observation. Cela complexifie aussi la conduite nocturne », analyse Thomas Hébert.


Des pertes de mémoires dangereuses

« Les réflexes qui diminuent posent également problème, comme l’arthrose aux mains ou aux jambes, pour freiner ou débrayer. Je conseille souvent de voir un kiné. Une boîte automatique plutôt que manuelle est aussi à privilégier dans ce cas », ajoute Yves-Marie Dormoy. Sans oublier les pertes de mémoire, « très dangereuses », pour lesquelles il est quasiment obligatoire de retirer le permis.

Au-delà des problèmes de santé, les changements sur les routes ces dernières années peuvent être un souci pour les personnes âgées. « Il y a bien plus d’usagers qu’au moment où ils ont obtenu leur permis.

Le rythme de conduite a évolué : les gens roulent globalement plus vite, même en ville, tandis que l’on a tendance à appuyer sur le frein quand on vieillit. Cette différence d’allure peut être dangereuse », relève Thomas Hébert.


Flou juridique

Les ronds-points qui fleurissent partout depuis quelques années deviennent également un obstacle. « On constate souvent des erreurs de placement et de compréhension chez les gens qui ont obtenu leur permis il y a longtemps », indique Thomas Herbert.

Il y a aussi davantage de motos, au comportement pas toujours parfait, qui nécessitent de faire des angles morts. C'est un réflexe qui se perd souvent après 50 ans de conduite. Les problèmes de mobilité du corps, liés à l'âge, peuvent par ailleurs empêcher de vérifier correctement son angle mort. Cette baisse de mobilité pose problème aussi pour effectuer des marches arrières : on ne peut pas se retourner, mais simplement regarder dans le rétroviseur. Thomas Hébert

Malgré les évolutions du code de la route, il n’y aucune obligation de remise à niveau pour les titulaires d’un permis B non-aménagé. Les personnes âgées qui viennent reprendre des cours de conduite ou de code, 2/3 par an dans l’auto-école cherbourgeoise, sont rares.

« Il y a un flou juridique« , regrette Thomas Hébert. « Le problème, c’est de savoir qui impose quoi et de quelle manière une éventuelle formation serait financée. Les assureurs, par exemple, auraient tout à y gagner. »


Visite médicale

Aujourd’hui, en France, seuls les permis A (activité de transport de personnes), de permis B aménagé (taxi, VTC, ambulance, ramassage scolaire, transport public), de permis C et C1 (poids lourd), de permis D et D1 (transport en commun) et de permis CE, C1E, DE et D1E (véhicules avec remorque) ont des obligations de visite médicale chez un médecin agréé pour renouveler leur titre. Un contrôle qui coûte 36 euros.

Si le délai obligatoire pour la visite médicale est de 5 ans lorsqu’on est âgé de moins de 60 ans, un contrôle est demandé à cet âge là. De 60 à 76 ans, c’est tous les deux ans sauf pour les permis B, et tous les ans an au-delà de 76 ans.


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